Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monsegneur, je vous ay escrit au long par Bourgel, qui est
2party ce jourd’huy, de notre négotiation sur voz lettres du
3XVe ; par Michalon, comme le roy vous avoit donnée la
4nomination en l’office de tiers président advenant le décès
5de monsieur Truchon, en la place duquel monsieur
6le président Bellièvre entreroit, et comme nous en avons
7accordé avec monsieur le président Fléhard pour monsieur de
8Pressins son frère à IXm[ille] Vc[ent] livres. J’eusse bien désiré que
9suivant la volonté du roy, la nomination vous eust
10esté renvoyé libre pour la faire par-delà en faveur de qui
11bon vous eust semblé, m’asseurant qu’en eussiés trouvé
12davantaige, ou que du moins le compte eust esté rond
13de Xm[ille] l[ivres] ; mais comme je vous ay discouru par madite lettre, je
14ne scay quelle connexité en ce faict nous a mené là, si
15est-ce que le brevet du roy porte que vous y nommerés librement
16qui bon vous semblera et vous puys dire que si nous n’eussions
17faict entendre à monsieur Bellièvre que votre volonté
18estoit de voir en ce premier lieu monsieur son frère et
19qu’il vous suffiroit de disposer du tiers estat de président,
20qu’il n’eust jamais mis mondit sieur son frère en jeu sur votre
21entreprise, et que le roy vous eust donné la nommination
22en l’office de premier président. Nous ne poursuivrons rien
23pour le surplus que n’ayons autres novelles de la vie
24ou de la mort, après lesquelles nous vous renvoyerons
25Michalon.
26Monsieur le président Fléhard m’a dict ce matin qu’il
27escrit par Bourgel à son frère monsieur de Pressins, de vous
28remettre son estat de conseilier pour le prix qu’il vous
29plaira. Cela vient de ce que, en traictant de la
30finance qu’il vous payeroit, je luy parlis de vous remettre
31l’office de conselier pour quatre mil livres, qu’estoit
32la somme que monsieur de Virieu en avoit payé par la
33dernière taxe que s’en estoit faicte, mais il se deffendit
34[v°] qu’il en trouveroit deux mil deux cens escuz, que me
35garda d’en parler plus advant, mais trouvis meilleur
36de laisser l’estat à sa disposition, puisqu’il l’estimoit
37tant, et parler seullement de deniers. Despuis il me
38rechercha de le prendre pour V m[ille] livres, mais je luy résolus
39en fin que je ne me voulois poinct meller dans ceste
40négotiation pour prétendre à cest office
41de conselier, et qu’il en dispose ailleurs comme bon luy
42sembleroit. Il me dict après qu’il le bailleroit au vibally
43de Gap, sur quoy je luy dis aussi que si nous ne précipitions
44tant ce faict, que le vibally de Vienne vous donneroit
45doze mil livres, comme je pense qu’il feroit et que
46touttesfois j’estimois que pour le contentement de la
47companie, les viballys sont mieux en leur bailliages
48que dans la cour de parlement. Monsieur, si vous
49n’avez quelque autre en affection, je vous supplie leur
50laisser leurdit office, car pour le présent je n’y veulx entendre
51aucunement et suis bien marry d’en avoir parlé. Ma ferme
52résolution en est là. Je ne scay encor quel chemin
53aura prins votre dépesche du IXe de ce moys. Vous verrés
54les articles des Huguenotz de votre gouvernement par la
55dépêche que Bourgel vous porte, qui méritent bien response
56particulière à chaque poinct, car autrement nous
57disons en ung mot que tout cela est faulx et calomnieux.
58La novelle que vint hyer matin de la deffaicte du
59sieur de Janlis se changea sur le soir parmy ceulx de la
60Religion. Il semble qu’elle continue ce matin. Monsieur
61d’Hourche part demain, accompagnant monsegneur duc d’An[jou]
62pour aller trouver la royne mère à Monceaux où sa majesté
63est allé attendre madame la duchesse de Lorrayne
64sa fille. Ung des filz de monsieur de Rousset a la petite
65vérolle, tous les autres se portent bien, mais ilz en attendent
66leur part.
67Monsieur, je prie Dieu qui vous conserve en très longue et
68heureuse vie. De Paris, ce XXIIe jullet 1572.
69Votre très humble serviteur
70S. de boczosel